
L’opération policière la plus meurtrière de l’histoire du Brésil, menée mardi à Rio de Janeiro, a plongé le pays dans un climat de stupeur et de polémique.
Selon les autorités locales, plus de 130 personnes ont été tuées lors d’un vaste raid des forces de l’ordre contre le Comando Vermelho (« Commandement rouge »), le plus ancien et l’un des plus puissants groupes criminels du pays.
L’intervention, conduite dans plusieurs favelas de la zone nord de Rio, visait officiellement à démanteler un réseau de trafiquants lourdement armés. Des centaines de policiers militaires et civils ont participé à l’opération, appuyés par des hélicoptères et des véhicules blindés.
Mais la violence extrême de l’assaut – décrit par des témoins comme un « véritable champ de bataille » – a suscité une vague d’indignation. Des habitants dénoncent des exécutions sommaires, tandis que des ONG de défense des droits humains réclament une enquête indépendante sur les conditions du raid.
Face à l’ampleur du drame, le gouvernement de Luiz Inácio Lula da Silva a annoncé une série de mesures d’urgence destinées à mieux coordonner les actions de sécurité entre les forces fédérales et celles des États.
Le ministre de la Justice a souligné la nécessité de « mettre fin à la logique de guerre » dans les favelas et de renforcer la présence sociale de l’État dans les quartiers marginalisés, où les groupes criminels continuent d’imposer leur loi.
Cependant, la droite brésilienne a immédiatement tenté de tirer profit politiquement de la tragédie.
Les alliés de l’ancien président Jair Bolsonaro accusent Lula de manquer de fermeté face au crime organisé et d’être responsable de l’insécurité croissante dans les grandes villes.
Plusieurs figures conservatrices ont salué « le courage » des policiers et ont appelé à une politique de tolérance zéro, contrastant avec la position plus nuancée du gouvernement fédéral.
Cette opération meurtrière met en lumière les fractures profondes du Brésil contemporain :
- une violence endémique concentrée dans les favelas,
- une police militarisée accusée de bavures,
- une classe politique divisée entre approche répressive et solutions sociales.
Alors que le pays tente de comprendre les causes de ce massacre, la bataille autour de sa signification politique ne fait que commencer.
