
Après avoir été pionnier dans l’émission de sukuk (obligations islamiques), le Sénégal s’apprête à franchir une nouvelle étape historique en devenant le premier État de l’Union monétaire ouest-africaine (UEMOA) à émettre une obligation verte.
L’annonce a été faite, lundi 3 novembre, par Cheikh Diba, ministre des Finances et du Budget, lors de la 2ᵉ édition du West Africa Sustainable Finance and Investment Forum (Wasfif), tenu à Dakar.
Une nouvelle étape vers la finance durable
Cette initiative s’inscrit dans la stratégie nationale de diversification des sources de financement et de promotion de la finance durable.
Selon le ministre, un document-cadre national a déjà été élaboré afin d’identifier les projets à fort impact environnemental et de constituer un portefeuille d’investissements durables. L’objectif : mobiliser des ressources vertes pour financer des programmes respectueux de l’environnement, en cohérence avec les principes ESG (Environnement, Social et Gouvernance).
« Comme pour le sukuk, nous voulons être les premiers à émettre une obligation verte sur le marché régional. Cela s’inscrit dans notre stratégie de financement durable et d’adaptation aux changements climatiques », a déclaré Cheikh Diba, soulignant le rôle de ces mécanismes dans la résilience économique du continent.
Un besoin de financement climatique colossal
Le ministre a rappelé que l’Afrique a besoin de 277 milliards de dollars par an pour faire face au changement climatique, mais n’en reçoit qu’environ 30 milliards.
Cette situation, selon lui, rend urgente la mise en place de solutions financières innovantes, capables de soutenir les pays confrontés à la sécheresse, aux inondations et à l’érosion côtière, des phénomènes qui affectent la sécurité alimentaire et pèsent lourdement sur les budgets nationaux.
🏛️ Un cadre régional déjà prêt
El Hadj Moustapha Doumbia, représentant de l’Autorité des marchés financiers de l’UEMOA (AMF-UEMOA), a salué l’engagement du Sénégal, rappelant que la région s’est dotée depuis 2020 d’un cadre réglementaire pour les obligations vertes, sociales et durables.
En 2024, une taxonomie régionale a également été adoptée pour classifier les projets éligibles, facilitant ainsi la standardisation et la transparence des investissements durables.
Le soutien de la Banque mondiale
Pour Keiko Miwa, représentante du Groupe de la Banque mondiale, cette dynamique traduit « une nouvelle ère pour la finance verte en Afrique de l’Ouest ».
Elle estime que l’entrée progressive du Sénégal sur ce marché permettra de stimuler l’investissement durable et d’ouvrir la voie à des millions de nouveaux actifs verts, essentiels à la transition écologique du continent.
