
La piraterie somalienne refait surface. Le Hellas Aphrodite, navire battant pavillon maltais et transportant une cargaison d’essence de Sikka (Inde) vers Durban (Afrique du Sud), a été capturé jeudi matin par des assaillants armés au large des côtes somaliennes. Il s’agit du premier navire commercial saisi depuis plus d’un an, suscitant la crainte d’un nouveau cycle d’attaques dans la région.
Selon la société propriétaire Latsco Marine Management Inc., les 24 membres d’équipage se sont réfugiés dans la citadelle du navire, tandis que les assaillants utilisaient des armes lourdes, dont des RPG, selon les rapports du Centre d’opérations commerciales maritimes de l’armée britannique et de la société de sécurité Ambrey. Aucun agent de sécurité armé n’était présent à bord.
Ambrey affirme qu’il s’agit probablement de pirates somaliens, qui auraient utilisé un bateau de pêche iranien, l’Issamohamadi, comme base d’opérations. Téhéran n’a pas confirmé la capture du navire.
L’opération Atalanta de l’Union européenne, déployée pour lutter contre la piraterie dans la Corne de l’Afrique, a annoncé avoir une unité proche de la zone et être « prête à intervenir ». L’UE avait récemment alerté sur la présence active d’un groupe de pirates au large de la Somalie, estimant « presque certain » qu’une attaque se produirait.
Cette nouvelle attaque survient peu après celle du Stolt Sagaland, navire battant pavillon des îles Caïmans, visé par des tirs de pirates lors d’un échange armé avec des gardes de sécurité.
La piraterie somalienne avait atteint son apogée en 2011, avec 237 attaques recensées, pour un coût estimé à 7 milliards de dollars à l’économie mondiale, dont 160 millions versés en rançons, selon Oceans Beyond Piracy.
Si les efforts internationaux avaient permis de réduire la menace, les tensions en mer Rouge liées aux attaques des rebelles houthis du Yémen ont contribué, depuis 2024, à la résurgence des activités pirates. Le Bureau maritime international a recensé sept incidents au large de la Somalie cette même année.
Face à cette recrudescence, Osman Yusuf, défenseur de l’environnement et président de la Prestige Fishing Company, a remis en cause l’efficacité de l’accord de défense signé entre la Somalie et la Turquie en février 2024 :
« Quelles mesures concrètes ont été mises en œuvre pour protéger nos eaux ? Il est ironique que la piraterie reprenne malgré cet accord », a-t-il dénoncé.
Les pêcheurs somaliens, comme Osman Abdi, témoignent déjà d’un climat de peur et de stigmatisation. La reprise des attaques risque d’entraver durablement leurs activités et de raviver les tensions dans une région où la sécurité maritime reste fragile.
