
Les négociations entre Londres et Bruxelles ont de nouveau achoppé au sujet de la participation britannique au nouvel instrument européen de financement de la défense, connu sous l’acronyme SAFE (Support to Ammunition, Fabrication & Europe’s defence industry). Ce mécanisme, destiné à accélérer le réarmement du Vieux Continent et à renforcer la base industrielle et technologique de défense européenne, exclura finalement les entreprises du Royaume-Uni.
Au cœur du blocage : la volonté de Londres que son industrie de défense soit reconnue comme « européenne » au sein du dispositif, ce qui lui aurait permis d’accéder aux financements et appels d’offres liés à SAFE. L’Union européenne s’y oppose, estimant que le statut britannique post-Brexit ne permet pas d’assimilations automatiques aux industries des États membres. Pour Bruxelles, ouvrir le mécanisme aux entreprises d’un pays tiers sans cadre juridique spécifique affaiblirait l’objectif stratégique du programme, qui vise avant tout à renforcer l’autonomie industrielle européenne.
Cette impasse prive ainsi les groupes de défense britanniques — historiquement très présents sur le marché européen — d’un accès aux fonds de modernisation, de production et de coopération que SAFE doit mobiliser dans les prochaines années. Une exclusion qui risque d’accentuer la fragmentation post-Brexit dans le secteur stratégique de l’armement.
Malgré l’échec des discussions actuelles, les deux parties affirment rester ouvertes à de futurs engagements. Mais pour l’instant, SAFE avancera sans le Royaume-Uni, selon les règles strictes d’un dispositif conçu pour consolider la souveraineté industrielle européenne face aux tensions géopolitiques croissantes.
