Hydraulique rurale : le gouvernement annonce une nouvelle gouvernance partagée de l’eau

Le gouvernement veut engager une rupture profonde dans la gestion de l’hydraulique rurale. Désormais, la gouvernance de l’eau en milieu rural reposera sur un partenariat entre l’État, le secteur privé et les collectivités territoriales. L’annonce a été faite vendredi par le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Cheikh Tidiane Dièye, lors de son passage devant l’Assemblée nationale pour la présentation du budget 2026 de son département.

« Nous voulons que la gouvernance hydraulique dans les zones rurales soit partagée entre l’État, le secteur privé et les collectivités territoriales », a déclaré le ministre, marquant sa volonté de rompre avec le modèle jusque-là dominant, largement confié au secteur privé. Selon lui, une nouvelle approche s’impose pour répondre durablement aux besoins des populations rurales.

L’État de retour au cœur de la gestion de l’eau

Dans ce nouveau schéma, l’État entend jouer un rôle direct dans la gestion de l’hydraulique rurale, à l’image de ce qui existe déjà en milieu urbain avec la société SEN’EAU. « Ce ne sera plus le secteur privé qui va gérer à lui seul l’hydraulique rurale. L’État sera partie prenante de la gouvernance de l’eau », a précisé Cheikh Tidiane Dièye.

Autre innovation majeure : l’implication des collectivités territoriales. Une démarche qui, selon le ministre, permettra une meilleure répartition des responsabilités et contribuera à réduire les tensions récurrentes liées à la gestion des forages. « Il y a souvent des manifestations ou des altercations dans les zones rurales, généralement liées à la gestion des forages », a-t-il souligné, estimant que cette gouvernance partagée favorisera un climat social plus apaisé.

L’objectif affiché est de garantir aux populations rurales un accès à une eau de qualité, au même niveau que celui dont bénéficient les zones urbaines.

Un budget 2026 ambitieux pour l’eau et l’assainissement

Cette réforme intervient dans un contexte budgétaire marqué par une forte ambition de l’État. Pour l’exercice 2026, les autorisations d’engagement destinées au secteur de l’eau et de l’assainissement s’élèvent à près de 1 728 milliards de francs CFA. Le budget du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement est ainsi arrêté à 1 727 855 901 439 FCFA en autorisations d’engagement, pour des crédits de paiement de 244 854 160 962 FCFA.

« Ce budget montre que le gouvernement a l’ambition de réaliser l’accès universel à l’eau et à l’assainissement », a affirmé le ministre, saluant une « première » qui témoigne, selon lui, de la volonté du président de la République et du Premier ministre de faire de ce secteur une priorité stratégique.

Cheikh Tidiane Dièye a précisé que les investissements à venir seront prioritairement orientés vers le monde rural, afin de résorber le déficit en infrastructures hydrauliques, tout en garantissant un approvisionnement suffisant à des coûts abordables pour les populations.

Vers une réforme globale et une régulation du secteur

Le ministre a également annoncé la mise en place prochaine de la première autorité de régulation du secteur de l’eau au Sénégal. « Les textes sont bouclés », a-t-il assuré, soulignant la nécessité de doter le pays d’un cadre réglementaire moderne et adapté.

Par ailleurs, le Code de l’eau, en vigueur depuis 1981, est jugé obsolète. Une refonte est en cours, en prélude à une réforme plus large de l’hydraulique nationale. Celle-ci prévoit notamment une convergence entre l’hydraulique rurale et l’hydraulique urbaine, longtemps gérées de manière distincte. « Nous allons vers une convergence de l’hydraulique rurale et de l’hydraulique urbaine, ce qui aboutira à un secteur unique », a conclu Cheikh Tidiane Dièye.

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