
La décision du président Bassirou Diomaye Faye de nommer Aminata Mimi Touré comme coordonnatrice de la coalition DiomayePrésident, en lieu et place d’Aïda Mbodj, suscite un vif débat politique.
Pour de nombreux observateurs, ce choix traduit un désaveu public du Premier ministre Ousmane Sonko, qui avait publiquement soutenu la candidature d’Aïda Mbodj à ce poste stratégique.
Un acte d’autorité présidentielle ou une maladresse politique ?
En rompant avec sa traditionnelle réserve, Diomaye Faye a choisi de réaffirmer son autorité à travers un communiqué officiel.
Ce geste, interprété comme une volonté d’« assumer son rôle de chef de l’État » face à son « hyper Premier ministre », marque un tournant dans la relation entre les deux hommes.
Mais pour certains analystes, cette décision constitue une erreur de communication.
Le politologue Moussa Diaw estime que le président a réagi de manière « spontanée », dans le sillage du tera-meeting organisé par Sonko, et qu’il aurait dû régler ce différend « en privé ».
Selon lui, ce désaveu public risque de fragiliser la cohésion politique au sommet de l’État et de créer une perception de rivalité entre le président et son chef du gouvernement.
Un problème de forme et de timing
L’analyste Babacar Ndiaye souligne pour sa part le timing discutable du communiqué présidentiel, publié juste après celui du Pastef.
Il évoque un manque de concertation entre les deux têtes de l’exécutif :
« Le président et le Premier ministre auraient pu en parler directement », note-t-il.
Il s’interroge également sur la pertinence de relancer la coalition DiomayePrésident, alors que le Pastef dispose déjà d’une légitimité politique acquise lors des dernières élections législatives.
Une stratégie politique à long terme ?
Pour le Pr. Moussa Diaw, cette décision pourrait s’inscrire dans une stratégie politique anticipée.
Il y voit « des ambitions inavouées », laissant penser que Diomaye Faye prépare déjà le terrain pour un second mandat en 2029.
La volonté de consolider sa base politique à travers la coalition traduirait, selon lui, une double dynamique d’ambitions entre le président et le Premier ministre.
🔹 Un équilibre fragile au sommet de l’État
Si cette nomination marque une affirmation d’autorité, elle ouvre aussi une zone de tension politique entre deux figures jusque-là perçues comme solidaires et complémentaires.
Les analystes appellent à la prudence et au dialogue, afin d’éviter qu’un désaccord politique ne se transforme en crise institutionnelle susceptible d’affecter la stabilité du pays.
