Il y a quatre-vingts ans, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, s’ouvrait le procès de Nuremberg, une étape fondatrice de la justice internationale. Cette procédure inédite visait à juger les dirigeants nazis pour les crimes commis par le régime hitlérien — crimes de guerre, crimes contre la paix et crimes contre l’humanité, une notion alors utilisée pour la première fois dans un cadre juridique international.
Le procès est historique pour plusieurs raisons :
1. Une première mondiale : juger des dirigeants d’un État vaincu
Pour la première fois, des responsables politiques, militaires et économiques étaient poursuivis non pas en vertu des lois de leur pays, mais au nom d’un droit international considéré comme supérieur. L’idée que des individus puissent être tenus pénalement responsables, même au plus haut niveau de l’État, marque une rupture majeure.
2. La création des bases de la justice pénale internationale
Nuremberg a jeté les fondements des institutions qui suivront : tribunaux pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda, puis la Cour pénale internationale (CPI). Les chefs d’accusation, les procédures et même la structure des jugements s’inspirent directement du procès de 1945-1946.
3. La reconnaissance juridique des atrocités nazies
Au-delà de la condamnation morale du nazisme, le procès a constitué une preuve juridique de l’ampleur des crimes commis : extermination systématique des Juifs d’Europe, déportations, esclavage, torture, massacres de civils. Les documents présentés et les témoignages des survivants ont ancré ces faits dans l’histoire de manière irréfutable.
4. Une leçon universelle : “plus jamais ça”
Nuremberg a contribué à établir l’idée que la communauté internationale doit prévenir et sanctionner les atrocités de masse. Il a nourri l’adoption de textes essentiels comme la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948) ou la Convention sur le génocide.