Soudan : le commandant Abu Lulu, bourreau du Darfour, arrêté après la diffusion de vidéos d’exécutions sur TikTok

Depuis la chute d’El-Fasher, capitale du Darfour du Nord, aux mains des Forces de soutien rapide (FSR) le 26 octobre 2025, les réseaux sociaux sont submergés de vidéos glaçantes montrant des exécutions sommaires et des scènes de massacres. Au centre de ces atrocités, un nom revient sans cesse : Abu Lulu, de son vrai nom Al-Fateh Abdullah Idris, l’un des commandants les plus redoutés du groupe paramilitaire.

Une mise en scène macabre sur TikTok

Cheveux noirs bouclés, treillis de combat et kalachnikov à la main, Abu Lulu se filme, sourire aux lèvres, posant auprès de corps sans vie. Sur son compte TikTok — suivi par plus de 220 000 abonnés avant sa suppression — il publiait des vidéos d’exécutions, accompagnées de discours provocateurs.
« Je continuerai à tuer. Si quelqu’un veut me demander des comptes, qu’il vienne ici, y compris l’ONU », lançait-il face caméra.

Selon le quotidien allemand Bild, le commandant aurait revendiqué le meurtre de plus de 2 000 personnes, déclarant avoir « perdu le compte ». Dans l’une des séquences les plus insoutenables diffusées cette semaine, on le voit achever un homme blessé qui implorait la vie sauve, en déclarant :

« Je ne ferai preuve d’aucune pitié. »

El-Fasher, dernier bastion tombé au Darfour

La chute d’El-Fasher, après dix-huit mois de siège, marque une étape décisive dans la guerre civile qui ravage le Soudan depuis avril 2023. Les FSR, issues des anciennes milices Janjawid accusées de crimes de guerre au Darfour dans les années 2000, contrôlent désormais l’essentiel de la région.
Depuis la victoire militaire, les paramilitaires multiplient les démonstrations de force sur les réseaux sociaux, diffusant des vidéos de leurs exactions comme autant de symboles de domination.

Arrestation d’Abu Lulu

Face à l’indignation internationale, les Forces de soutien rapide ont tenté de se désolidariser du commandant. Dans un communiqué diffusé jeudi, le porte-parole des FSR a affirmé qu’Abu Lulu ne faisait pas partie de leurs rangs officiels.
Quelques heures plus tard, l’organisation a annoncé son arrestation et son incarcération à la prison de Shala, dans la périphérie d’El-Fasher, « dans l’attente d’une enquête ».

Cette annonce suscite toutefois le scepticisme d’observateurs et d’ONG, qui doutent de la sincérité de cette mesure. « C’est une manœuvre de communication destinée à calmer les critiques », estime un analyste soudanais cité par la BBC.

Crimes de guerre en série

Les atrocités attribuées aux FSR depuis la reprise d’El-Fasher — exécutions sommaires, viols, pillages et incendies de villages — rappellent les pires heures du conflit du Darfour. Les Nations unies et plusieurs ONG, dont Human Rights Watch, réclament une enquête internationale indépendante et la comparution d’Abu Lulu devant la Cour pénale internationale (CPI).

« Le cas d’Abu Lulu illustre la banalisation de la violence et l’impunité totale qui règnent au Soudan », déplore un responsable onusien sous couvert d’anonymat.

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