Côte d’Ivoire : Damana Pickass arrêté pour « appel à l’insurrection » avant la présidentielle

Abidjan, 5 novembre 2025 — L’opposant Damana Adia Pickass, haut cadre du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo, a été arrêté mardi à Bingerville, en banlieue d’Abidjan. Selon le procureur Oumar Braman Koné, il est accusé d’avoir appelé à l’insurrection populaire et au renversement des institutions à quelques jours de la présidentielle du 25 octobre, remportée par Alassane Ouattara.

🧩 Un acteur clé de l’opposition arrêté

Damana Pickass, également coordonnateur général du “Front commun”, une coalition regroupant le PPA-CI de Laurent Gbagbo et le PDCI de Tidjane Thiam, jouait un rôle central dans la stratégie de contestation de l’opposition. Les deux anciens présidents avaient été écartés du scrutin par la justice, une décision dénoncée comme politique par leurs partisans.

L’arrestation de M. Pickass, confirmée par son parti, intervient alors que le Front commun avait appelé à de nouvelles manifestations pour protester contre ce qu’il qualifie de « confiscation du pouvoir ».

⚖️ Les accusations du parquet

Dans un communiqué rendu public mercredi, le procureur Oumar Braman Koné a affirmé que les déclarations de Damana Pickass avaient entraîné la formation d’attroupements armés et non armés, provoquant des violences et des troubles à l’ordre public.

« Certains acteurs politiques, dont le nommé Damana Adia Pickass, ont appelé à l’insurrection populaire et au renversement des institutions de la République », a déclaré le procureur.

Les autorités affirment que ces appels ont contribué à des affrontements meurtriers : onze personnes auraient perdu la vie avant et pendant le scrutin, tandis que l’opposition évoque 27 morts.

🗣️ Un militant de la ligne dure

Fidèle de longue date de Laurent Gbagbo, Damana Pickass incarne l’aile la plus radicale du PPA-CI. Il s’était illustré le 16 octobre dans une vidéo virale, où il exhortait les Ivoiriens à descendre dans la rue :

« Tous les Ivoiriens sont invités à occuper les rues de façon pacifique. Je vous invite à beaucoup plus de détermination, de volonté et d’engagement », avait-il déclaré.

Quelques semaines plus tôt, le procureur l’avait averti qu’il serait arrêté en cas de nouveaux troubles.

⚠️ Un passif judiciaire déjà lourd

Ce n’est pas la première fois que Damana Pickass est confronté à la justice. En début d’année, il avait été condamné à dix ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’État, dans une affaire remontant à 2021.
Cependant, aucun mandat de dépôt n’avait été délivré, ce qui lui avait permis de rester libre — une situation courante en Côte d’Ivoire, même pour des condamnations lourdes.

🔥 Un climat politique sous tension

Le scrutin présidentiel du 25 octobre, remporté avec près de 90 % des voix par Alassane Ouattara, s’est déroulé dans un calme relatif, mais sur fond de fortes tensions.
Depuis, plus de cent manifestants ont été condamnés à trois ans de prison ferme pour avoir participé à des rassemblements interdits.

Une nouvelle marche de protestation est annoncée pour samedi, malgré les avertissements du gouvernement.

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