Extradition de Madiambal Diagne : la Cour d’appel de Versailles rendra sa décision le 25 novembre

La Cour d’appel de Versailles a examiné, ce mardi 4 novembre 2025, le dossier d’extradition du journaliste sénégalais Madiambal Diagne, actuellement sous contrôle judiciaire en France. À l’issue de l’audience, la Cour a mis l’affaire en délibéré jusqu’au 25 novembre prochain, date à laquelle elle rendra sa décision sur la demande formulée par les autorités sénégalaises.

Un dossier sensible aux enjeux politiques et judiciaires

Recherché par la justice de son pays dans le cadre d’une condamnation à une peine de prison ferme, Madiambal Diagne, directeur du groupe de presse Avenir Communication et fondateur du quotidien Le Quotidien, conteste la légitimité du mandat d’arrêt international délivré à son encontre.

Les autorités sénégalaises reprochent au journaliste des infractions liées à la diffusion de fausses nouvelles, la diffamation et l’outrage à magistrat, à la suite d’un contentieux médiatique très médiatisé en 2021. Après sa condamnation définitive par la Cour suprême en 2023, Madiambal Diagne s’était installé en France, invoquant des menaces sur sa sécurité et un climat judiciaire hostile.

Les arguments de la défense

Devant la Cour de Versailles, les avocats du journaliste ont insisté sur l’irrégularité du mandat d’arrêt et la dimension politique du dossier.
Selon eux, la demande d’extradition du Sénégal ne respecterait pas les normes internationales de procédure, notamment sur la motivation et la proportionnalité de la peine.

La défense a également mis en avant les risques d’un procès inéquitable et de traitements attentatoires à la liberté d’expression, estimant que leur client est « poursuivi pour ses opinions et ses prises de position critiques à l’égard du pouvoir ». Les conseils de Madiambal Diagne ont par ailleurs demandé à la Cour de tenir compte de son statut de journaliste reconnu et de son exil volontaire en France, où il bénéficie d’un droit de séjour régulier.

La position du parquet et les prochaines étapes

Le ministère public, représentant de l’État français, a pour sa part rappelé que la coopération judiciaire entre la France et le Sénégal est régie par des accords bilatéraux en vigueur et que la Cour doit se prononcer uniquement sur la conformité juridique de la demande, sans juger du fond de l’affaire.

La décision de la Cour d’appel de Versailles, attendue le 25 novembre 2025, pourrait marquer un tournant important :

  • soit elle valide la demande d’extradition, ouvrant la voie à un transfert vers Dakar après décret du gouvernement français ;
  • soit elle la rejette, au motif de vices de procédure ou de risques pour les droits fondamentaux de l’intéressé.

Un cas emblématique pour la liberté de la presse

Cette affaire est suivie de près par les organisations de défense de la liberté de la presse, notamment Reporters sans frontières (RSF), qui avaient déjà dénoncé en 2023 la lourdeur des condamnations visant des journalistes au Sénégal.
Elle illustre également les tensions croissantes entre la justice sénégalaise et certains acteurs médiatiques, dans un contexte politique marqué par une recomposition du paysage institutionnel depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye.

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