
Le Sénégal a lancé mardi l’édition 2025 des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBG), en mettant un accent inédit sur les violences numériques. Depuis l’île de Gorée, lieu de mémoire chargé de symboles, la ministre de la Famille, de l’Action sociale et des Solidarités, Maïmouna Dièye, a appelé à une mobilisation nationale pour contrer un phénomène en pleine expansion.
« La violence numérique n’est pas une fatalité », a rappelé la ministre, invitant pouvoirs publics, société civile et communautés à unir leurs efforts pour « combattre et vaincre » ces dérives. Une alerte nourrie par les données récentes de l’Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), qui dressent un tableau inquiétant : 20,4 % des violences numériques touchent des mineurs, tandis que plus de 80 % des femmes déclarent avoir été victimes d’agressions en ligne.
Maïmouna Dièye a décrit un spectre large de violences — harcèlement, diffamation, divulgation de données personnelles, menaces, campagnes de dénigrement ou de désinformation — autant de pratiques qui, souligne-t-elle, « fragilisent profondément la santé mentale des femmes et des filles » et détournent le numérique de son rôle d’espace d’opportunités.
Face à cette réalité, le gouvernement entend renforcer sa réponse. Un nouveau cadre stratégique est en préparation : le deuxième Plan d’action national de lutte contre les VBG (2026-2030), élaboré par la Direction de la Famille. Ce document ambitionne de mieux coordonner les actions de prévention, de prise en charge et de suivi, en associant de manière plus étroite les institutions et les organisations de la société civile.
Un volet important sera consacré à l’assistance aux survivantes, avec la construction de centres de prise en charge holistique et le renforcement des services de protection. Le ministère prévoit également d’intensifier la sensibilisation communautaire, notamment grâce aux programmes « Kaarangué » et « Swedd », orientés vers l’éducation aux risques numériques.
En lançant la campagne depuis Gorée, Maïmouna Dièye a voulu inscrire ce combat dans la continuité des luttes pour la dignité humaine : « Le numérique ne doit pas devenir une nouvelle frontière de la violence, mais un espace sûr pour toutes et tous. »
