Nigeria : deux semaines après l’enlèvement massif de Papiri, les familles toujours sans nouvelles des 215 élèves captifs

Quatorze jours après l’attaque contre l’internat catholique St Mary, à Papiri, l’une des plus graves depuis l’enlèvement des 276 lycéennes de Chibok en 2014, les familles demeurent dans l’angoisse. Malgré l’ampleur du drame, aucune information fiable n’a encore été communiquée sur le sort des otages.

Un rapt d’une ampleur inédite depuis Chibok

D’après l’Association chrétienne du Nigeria, 303 élèves et 12 membres du personnel ont été enlevés lors du raid. Seuls 50 enfants seraient parvenus à s’échapper dans les premières heures. Les ravisseurs, lourdement armés, n’ont rencontré aucune résistance : l’établissement n’était protégé que par des gardiens bénévoles non armés.

Depuis l’attaque, aucun signe de vie, ni revendication. Les assaillants seraient retranchés dans les forêts de l’État du Niger, un terrain propice aux groupes criminels opérant dans la région.

Silence et confusion des autorités

Malgré la mise en place d’un état d’urgence sécuritaire par le président Bola Tinubu et l’annonce du recrutement de milliers de soldats et policiers, les familles jugent la réponse gouvernementale insuffisante. Le conseiller à la sécurité nationale s’est contenté d’assurer que « les enfants vont bien et seront bientôt de retour », sans apporter de preuve.

La gestion du nombre de disparus a également alimenté les tensions : une semaine après l’attaque, les parents ont été convoqués pour identifier officiellement les victimes, après que le gouverneur local a contesté les chiffres initiaux. La police estime désormais que 215 élèves demeurent captifs, tout en reconnaissant que la liste n’est pas définitive.

Colère des familles et résurgence du mouvement #BringBackOurGirls

Pour les proches, l’attente devient un supplice. « Nous n’avons reçu aucune information », déplore Emmanuel Bala, président de l’association des parents d’élèves, dont la fille de treize ans figure parmi les disparues.

Le drame ravive la mobilisation du mouvement #BringBackOurGirls, né en 2014 après Chibok. Ses militants dénoncent une « défaillance systémique » de l’État, qui a permis l’enlèvement d’au moins 1 800 élèves en dix ans.

Un impact dévastateur sur l’éducation dans le Nord

Amnesty International alerte sur les conséquences dramatiques de ces attaques : près de 20 500 écoles auraient fermé dans le nord du Nigeria depuis l’enlèvement de St Mary, par peur de nouvelles incursions armées.

Dans un pays où près de 20 millions d’enfants ne sont pas scolarisés, selon les Nations unies, l’insécurité aggrave un système éducatif déjà profondément fragilisé. Chaque attaque accroit l’abandon scolaire, réduit l’accès à l’éducation et menace durablement l’avenir d’une génération.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *